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Du 23 mars au 6 mai 2023

SOUS LES CENDRES

Olivier Huard

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Entretien avec Stéphane Salles Abarca - Hiver 2023

Je suis le travail d’Olivier Huard (O. H.) depuis quelques années, curieux et attentif aux développement d’une œuvre singulière, séduisante et mystérieuse à la fois.
Pourtant, ce n’est que l’été dernier que je lui proposais une exposition personnelle à la galerie, après une visite d’atelier qui n’était pas la première. Ce jour-là, j’appréhendais pleine- ment ce que j’avais entrevu plus tôt. La note était cette fois- ci d’une justesse saisissante, elle vibrait en moi. Un monde s’offrait, intime, protecteur, plein de vie.

S.S.A. : Sous les cendres... ?

O. H. : Ma peinture est principalement liée au souvenir et à l’intime. Elle décrit une sorte de fiction autobiographique. Au départ il y a souvent des archives constituées par mes carnets de dessins et le désir de revivre ces instants. Les touches qui s’accumulent sur la surface de la toile, réaniment une époque perdue, lui redonne forme par et dans la peinture.

Des séries comme « Pianottoli », « People tree », « Rousseau », naissent d’une réalité recomposée où mon quotidien croise parfois l’histoire de l’art, faisant ressurgir de la toile la géographie d’une mémoire, d’une sensation.

S.S.A. : Les braises... ?

O. H. : Depuis plusieurs années j’utilise des couleurs intenses voir fluorescentes... comme si les motifs du passé avaient besoin d’une intensité accrue pour renaitre et vibrer. Dans un même temps l’emploie du blanc (la cendre ?) vient tempérer cette incandescence.

Cette « braise » est aussi le fait d’une activité humaine intense, des paysages de plus en plus anthropomorphiques. L’homme modifie profondément le monde dans lequel il vit. L’artificiel s’insinue inexorablement. Des couchés de soleil roses azotés aux teintes orangées des feuilles en stress hydrique... la nature se transforme et le peintre avec.

Mes dernières peintures sont comme passées au filtre de ce monde changeant et leurs couleurs acidulées décrivent cette ambivalence entre la douceur d’une période idéalisé et l’incendie qui se propage dans le monde.

S.S.A. : Faire une peinture ?

O. H. : Dans l’atelier, on touche la peinture, on existe. Il n’y pas vraiment de procédé pour atteindre un rendu précis. C’est plutôt la recherche de la variété et de la spontanéité qui m’intéresse. Ne pas trop fixer les choses, capter un peu du foisonnement de la vie.

Au commencement d’une peinture, c’est la nouveauté, l’ex- citation de ne pas savoir où l’on va. Une sorte de schizophrénie s’installe dans la toile elle-même, des parties sont peintes de façon très différentes. Le paradoxe est de construire un tout d’un seul élan avec des éléments très disparates, comme embrasser du regard le paysage et en même temps les infimes détails qui le compose.

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